Yannis Markantonakis nait en Crète à La Canée en 1955. De sa jeunesse dans cette ville aux
riches vestiges, il conservera une fascination inaltérable pour les horizons portuaires. De là
viennent les grandes masses silencieuses des vaisseaux qui se dévoilent et disparaissent tour à
tour entre ciel et mer, sur cette ligne de démarcation parfois nette et gravée dans le vif du support,
parfois incertaine et noyée dans l’uniformité du fond.
Il peint déjà adolescent, mais le regard tourné vers les terres, les montagnes de son île natale lui
offrant à la verticale des compositions où s’enchevêtrent mosaïque des villages traditionnels et
grands aplats de nature brute.
En 1973, il quitte la Grèce pour suivre ses études à Londres. Devenu ingénieur chimiste, il travaille
un temps au Pirée sur les cargos et apprend à déchiffrer la fatigue des coques métalliques,
percevant dans la corrosion chatoyante de leur matière une palette réduite à l’essentiel.
Il s’installe à Paris en 1985 et entre à l’Académie Saint-Roch, dans l’atelier de Jean Bertholle dont
l’enthousiasme communicatif l’ancre définitivement dans le métier de peintre. Les peintres qu’il y
rencontre deviendront ses amis fidèles.
Il exposera à partir de 1987, ses galeristes reconnaissent l’évidence d’une peinture qui doit peu
de choses à ses contemporains. Dans les influences qu’il revendique alors, il faut retenir le
paradoxe des frères Van Velde, qu’il admire tous deux sans choisir entre la liberté quasi instinctive
de Bram et la rigueur réfléchie de Geer.
Des années quatre-vingt dix au début du XXIe. siècle, il défriche le champ de ses possibles,
abandonnant peu à peu la diversité des sujets – entre les « bâtiments » maritimes et les bâtiments
qui peuplent ses vues de Paris, il n’y a qu’une différence de plan- pour ne s’attacher qu’à ces
silhouettes marines « déboussolées » qui n’ont d’autres repères que ceux que leur attribue le
cadre du tableau.
Ce cadre justement, Yannis va s’attacher à le déconstruire peu à peu jusqu’à en faire le débris
métonymique du vaisseau, qu’il accompagne plutôt qu’il ne cerne. Montage fait de morceaux de
coque, de mât, de charpente, bricolés autour d’une construction à laquelle il emprunte sa matière
et sa teinte, le cadre s’affranchit de son hypocrite neutralité, et, se faisant tour à tour cercueil,
écrin précieux ou vitrine d’entomologiste, vole en éclat pour partager histoire et destin de son
objet.
Ce sera bientôt au bateau d’imiter le cadre dont les morceaux, bruts ou moulurés, de bois ou de
métal, vont s’assembler pour reconstituer non seulement la silhouette reconnaissable entre toutes
du bâtiment marin mais aussi sa chair de rouille et de goudron.
Quantité de résidus s’intègrent dans ses peintures, aussi disparates soient-ils, comme ces photos
rescapées de la mémoire des ports anciens et figées dans les couches d’une matière pléthorique
qui insiste à leur redonner leur épaisseur perdue.
Récemment certaines de ses constructions ont retrouvé la densité originelle de leurs modèles, la
fonte venant fixer sous un calfatage de bronze leurs silhouettes aventureuses
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